Le mot d'Alexandre : Les greens de golf - chapitre 1

Greens de golf : Malades sous perfusion

Chapitre 1 : Les produits phytosanitaires (les médocs)

Tout d’abord nous allons différencier trois types de produits phytosanitaires (vous entendez parfois

pesticides) :

- les herbicides agissant comme son nom l’indique sur les graminées et/ou adventices

(mauvaises herbes). Il peut être sélectif, c'est-à-dire détruire seulement les mauvaises

herbes (dicotylédones), ou total (tout brulé, exemple connu roundup). Aucun herbicide

n’est mis sur les greens ! Les quelques pâquerettes qui peuvent pointer le bout de leur nez

sont enlevées au couteau.

- Les insecticides interdits sur gazon de graminées depuis 2007 je crois… Un produit unique

seulement commercialisé depuis cette année 2021 pour lutter contre les larves de tipule

(cousin).

- Les fongicides agissant sur les champignons. A l’île d’or les seuls produits phytosanitaires

utilisés sur les greens sont des fongicides. Entre 6 et 8 traitements par an (pour une liste d’à

peine dix médicaments disponibles). La surface traitée est de 2 ha pour 60 ha de golf.

Quelles maladies sur les greens ?

- La fusariose froide qu’on peut voir à partir du mois d’octobre jusqu’à mars. Elle se

caractérise par une tâche brune orangée (voir image). Cette maladie hivernale peut laisser

des stigmates assez longtemps car elle se développe en dehors de la saison de pousse du

gazon… Donc plus compliquer à recoloniser.

- Le dollar spot qu’on peut voir de juin à octobre. Il fait de plus petites tâches, plus claires qui

peuvent se rassembler. Une maladie estivale qui se développe rapidement.

Ce sont les deux principales maladies qui vont avoir un impact néfaste sur la qualité du green et que

vous pourrez reconnaître facilement. Les autres je vous en dispense.

Pourquoi et quand réaliser un traitement ?

Le traitement phytosanitaire est le dernier recours afin de lutter contre les maladies. Il est réalisé

quand on estime que la qualité du jeu va être impactée et que les conditions climatiques annoncées

vont aider au développement de celles-ci. Ensuite il faut que les conditions climatiques (vent,

hygrométrie, température, pluviométrie…) permettent de traiter efficacement. Pas besoin d’envoyer

le produit dans l’air ou qu’il soit lessivé par la pluie ! On varie aussi les matières actives des produits

afin de ne pas avoir un phénomène d’accoutumance de la plante (si vous prenez du paracétamol tous

les jours il va être moins efficace). Un traitement n’est pas réalisé par plaisir de la part du

greenkeeper (cela reste des produits qui peuvent être nocifs surtout quand ils sont manipulés pur), ni

du comptable car pour vous donner un ordre d’idées environ 800€/ha. Ces produits sont moins

concentrés qu’en agriculture, il faut une homologation « gazon de graminée » ; et un dossier

d’autorisation de mise sur le marché (AMM) ; cela coûte cher pour les firmes pour un tout petit

marché (les espaces verts représentent 1% des produits phyto).

Comment lutter en amont ?

Les maladies proviennent de champignons, donc en gros quand les conditions climatiques vous font

aller aux champignons en forêt, il y a de grande chance pour que les maladies se développent à ce

moment là au golf. Il faut tout d’abord bien maîtriser l’arrosage et la fertilisation ; ensuite éviter que

l’humidité stagne en faisant tomber la rosée, car sur notre île on a souvent un beau brouillard et une

belle grosse rosée matinale (bien plus néfaste pour la santé du greenkeeper que le petit rosé du

matin) propice au développement du dollar spot notamment. Les zones trop ombragées sont

sensibles également. C’est pour cela que des travaux d’élagage au green du 11 et 12 ont été réalisés

il y a deux ans. (C’était les greens les plus impactés par la fusariose froide avec le putting). Ensuite il y

a tout le travail mécanique du green afin qu’il soit en bonne santé.

Autres produits phytos…

Sur les greens nous utilisons un régulateur de croissance (qui ne rentre pas dans les herbicides,

insecticides, fongicides). L’objectif est de limiter et contrôler la pousse. Cela diminue l’espacement

des entre noeuds, rend la plante plus trapue et solide. Il a aussi pour effet de limiter la floraison du

pâturin annuel. (Graminée indésirable qui fleurit au mois avril mai et rend le green plus lent).

Sur le reste du parcours, un traitement sélectif pour les départs, fairways, tour de green afin

d’éliminer les pâquerettes principalement. Environ 20 ha et une seul fois dans l’année.

On utilise aussi un herbicide total (glyphosate) pour entretenir les tours de bunkers, arbres et abords

du club house, parking, practice. Consommation de 10L par an (3,6kg de glyphosate à l’année pour

l’ensemble du golf).

J’espère ne pas vous avoir trop ennuyé et pour les courageux… chapitre 2

Alexandre

Médecin de vos greens