Le mot d'Alexandre - Les greens de Golf - chapitre 3
Greens de golf : Malades sous perfusion
Chapitre 3 : L’arrosage
Notion de base :
Une plante possède des réserves en eau dans le sol qu’on appelle réserve utile (RU) qui dépendent
principalement du type de plante et du sol. Cette réserve s’exprime en mm.
Au cours d’une journée cette plante transpire plus ou moins selon la météo (T°, vent,
ensoleillement). C’est ce que l’on appelle ETP (évapotranspiration potentielle). Cette « perte » en eau
s’exprime aussi en mm.
Dans le cas du golf de l’île d’or, des graminées tondus ras (racines peu profondes) et un sol sableux
sont l’association parfaite pour limiter la réserve en eau.
Exemple : dans le cas d’un green les racines explorent environ 7cm de profondeur, et le sol sableux
est capable de retenir 0.7mm d’eau/cm soit 4.9mm.
Cette réserve correspond à une journée ensoleillée de mai juin. Donc en été le sol n’a pas une
réserve suffisante pour une journée. Ce qui rend l’arrosage indispensable.
En revanche plus d’eau que cette réserve est inutile et même néfaste pour le sol (asphyxie) et la
fermeté du green.
L’objectif est donc d’approcher au plus le point de flétrissement de la plante pour l’obliger à aller
chercher des réserves en profondeur.
Tout l’entretien découle de cette gestion de l’eau, c’est le premier critère pour avoir de belles
surfaces engazonnées et surtout des greens de bonne qualité sur toute l’année.
Notre installation :
L’eau destinée à l’arrosage du parcours provient de nappes. Nous disposons de deux forages qui
peuvent prélevés 20m3/h.
Cette eau est ensuite reversée dans un bassin de stockage (la pièce d’eau au départ du trou 15).
Elle peut contenir 3 700 m3. A partir de ce bassin le parcours est alimenté en eau par 3 pompes
immergées de 30m3/h chacune.
Le débit de nos forages nous permet de subvenir aux besoins en arrosage du parcours sans trop
puiser dans notre stockage.
En 2016 nous n’avons consommé « que » 15 000 m 3, en 2017 40 000 m 3, ce qui s’explique par la
météo et une volonté d’irrigué un peu plus les fairways. L’année 2003 d’une sécheresse
extraordinaire, 85 000m3 prélevés.
On dispose d’une programmation centralisée qui nous permet de piloter toute l’installation.
Les commandes sont hydrauliques et non électriques, ce qui est très rare dans ce type d’installation.
Surement conçu comme cela dû au risque de l’île à être inondée (Bien que les installations
électriques soient complètement étanches).
On dispose de 85 voies différentes, une voie correspond à une zone. (Cela peut être un green, un
départ, une zone sur un fairway…)
Donc une voie pilote plusieurs arroseurs.
Cela pose problème car pour l’exemple d’un green, par exemple le 8, l’entrée du green sèche plus
vite que le fond mais les 5 arroseurs tournent simultanément et le même temps.
Chaque green dispose de pente, d’exposition au soleil, au vent, à l’ombre, un substrat, des espèces
de graminées qui peuvent être différentes sur un même green. Exemple du green du 12, la droite du
green est beaucoup plus exposée au soleil, au vent et la pente ne favorise rien alors qu’à gauche
l’ombre est très présente, et la cuvette aide à retenir l’eau.
Donc notre système ne permet pas d’avoir la zone la plus homogène possible, soit trop d’eau d’un
côté si on augmente l’arrosage ou pas assez de l’autre si on baisse… Il faut trouver un compromis.
Car le manque d’eau est néfaste pour la plante mais l’excès l’est tout autant !
Les travaux réalisés récemment :
En 2016, l’armoire électrique de la station de pompage a été remplacée.
Les commandes hydrauliques étaient alimentées en eau par de l’eau de ville car plus propre.
Désormais une installation permet d’utiliser l’eau de pompage « plus écolo » et un système de
filtration nous évite d’encrasser le réseau.
Cette même année le bassin a été purgé, nettoyé, et l’étanchéité améliorée.
Les deux forages complètement nettoyés car ils commençaient à perdre nettement en débit.
En 2017, c’est l’ensemble de la programmation qui a été totalement revu.
Un nouveau programmateur, des convertisseurs hydraulique/électrique qui remplace les satellites
obsolètes (ancien boitiers vert qui sortait du sol au parking, 1, 14, 17).
Un variateur de vitesse est maintenant installé sur une pompe. Cela permet de gérer les petits débits
sans que la pompe ne démarre et s’arrête sans cesse. Exemple quand vous laver vos chaussures et
chariot en journée cela ne demande pas énormément d’eau, la pompe va alors tourner lentement
pendant un certain temps plutôt que de démarrer pleine puissance et se stopper quelques secondes
après. Bien mieux pour le moteur…
En 2018, nous avons récupérer de nombreuse pièces d’arrosage grâce au golf de St Jean de Mont qui
avait un système similaire au notre et a totalement rénové son installation.
Malgré les travaux réalisés ces dernières années qui nous permettent de mieux gérer l’arrosage, ce
sont des « pansements » sur un système complètement obsolète pour un golf.
Pour conclure, le golf est souvent pointé du doigt en ce qui concerne la gestion de l’eau mais notre
but est d’avoir des greens limite sec, des fairways surtout pas trop humides en été, car la priorité de
mon point de vue est d’abord le jeu et ensuite l’esthétique. Les deux encore mieux.
Les excès d’eau sont bien plus néfastes qu’un léger manque et cela se paye ensuite sur toute la
saison hivernale.
Un green trop humide, un green qui ne roule pas !
Ci-dessous photo du british open 2006 à Liverpool (pas reconnu pour son beau temps).
OUI Tiger WOODS joue dessus pourquoi pas vous…
A suivre chapitre 4…
Alexandre
Chercheur en or et pétrole